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"Violences entre Femmes"
18 août 2009

Mauvais Genre de Paula Dumont

 

Votre pochothèque lesbienne de l'été: le «Mauvais genre» de Paula Dumont

Par Ursula Del Aguila Chef de rubrique Têtue.com  jeudi 06 août 2009, à 12h21 | 1031 vues

                                                  

Plus de: littérature, lesbienne, Paula Dumont, Colette, homosexualité

 

INTERVIEW. Suite de notre pochothèque lesbienne de l'été avec aujourd'hui, une interview de Paula Dumont, écrivaine et professeure à la retraite qui raconte son enfance, pas rose tous les jours, et la découverte de son homosexualité dans «Mauvais genre».

                           

Paula Dumont

TÊTUE: Qu'est ce qui vous a décidé à écrire ce livre?
PAULA DUMONT:
J'écris pour témoigner de ce que j'ai vécu et de ce que continuent à vivre de nombreux homosexuels qui n'ont pas la chance de naître dans une grande ville, dans une famille aisée, ouverte d'esprit et cultivée, de ne pas travailler dans un milieu ouvert et gayfriendly, bref pour la plupart des gays et des lesbiennes de notre époque. Si les témoignages de gays existent, en revanche ceux de lesbiennes sont quasiment inexistants, raison de plus pour en fournir un ! Des amies «hétérottes», après avoir lu mon bouquin, m'ont dit leur stupéfaction devant les difficultés que j'ai rencontrées. Elles étaient à cent lieues d'imaginer pareil désert. Si elles découvrent un jour l'homosexualité d'un ou d'une de leur proche, la lecture de Mauvais Genre leur aura servi à quelque chose...

Pensez-vous qu'il est plus facile pour la nouvelle génération de lesbiennes d'assumer son homosexualité?
C'est peut-être un petit peu plus facile, ou tout au moins ça devrait l'être, surtout si on habite à Paris, pas trop loin du Marais, qu'on a une famille aimante...Mais hélas, la plupart des parents pensent que leur enfant chéri ne peut être qu'hétéro, puisqu'ils l'ont élevé convenablement. Hélas la plupart des employeurs sont homophobes sans même s'en rendre compte (au mieux, ils considèrent que l'homosexualité de leur employé est une question de vie privée, alors qu'ils trouvent naturels de féliciter un ou une hétéro qui se marie et qui a des enfants), bref ce n'est malheureusement pas demain que le CCH (Collectif Contre l'Homophobie) restera inactif... Sous un vernis apparent d'ouverture d'esprit, l'homophobie et la lesbophobie sont toujours là.

Le lien avec votre mère fait de frustrations est bouleversant, avez-vous fait la paix avec elle?
Oui, je crois que j'ai fait la paix avec ma mère. L'écriture de mon bouquin a certainement été une cure, vue sous cet angle. Ce n'était pas sa faute si elle était malade, ni si son père était alcoolique. Elle m'a donné le goût des études, notamment de la lecture et de l'écriture, ce qui est essentiel pour moi. Certes, j'aurais aimé qu'elle soit plus tendre, plus maternante, mais je crois que personne ne l'avait jamais été avec elle ce qui explique sans doute qu'elle ne l'ait pas été avec moi. Et voyez Gisèle Halimi qui dit le manque d'amour de sa mère pour elle, dans Fritna : le manque d'amour d'une mère pour sa fille ne suffit pas à rendre goudou cette dernière.

Votre livre a suscité des polémiques, pensez vous que c'est parce que vous adoptez une analyse psychologisante de votre homosexualité?
Je craignais, en réfléchissant sur mon enfance et mon adolescence, qu'on me reproche de chercher à justifier mon homosexualité et mon «mauvais genre», alors que nul(le) hétéro n'éprouve le besoin de rechercher les causes de son hétérosexualité! Or je n'ai reçu aucune critique de cet ordre, ni de la part des homos, ni de celle des hétéros, bien au contraire. En revanche, j'ai reçu des messages indignés de la part de transsexuelles qui ont vu de la transphobie dans le passage où je cherche à cerner mon sujet. Si j'ai blessé ces personnes, je le regrette sincèrement. Je leur ai répondu sur Internet et j'ai reçu d'eux une documentation passionnante que j'ai étudiée avec soin. Car je suis persuadée que c'est en conjuguant nos efforts contre la lesbophobie, l'homophobie et la transphobie que nous serons efficaces.

 


Mauvais genre,
de Paula Dumont, Éditions L'Harmattan, 13 euros.

Biographie:
Née en 1946. Etudes de Lettres. Docteure es Lettres (thèse sur Colette) Professeure en Ecole Normale puis à l'IUFM de Montpellier jusqu'en 2006. Retraitée depuis bientôt trois ans. Adhérente du CCH (Collectif Contre l'Homophobie) dont Hussein Bourgi est le président.
Paula Dumont écrit depuis plus de trente ans, mais tant qu'elle était en activité, il n'était pas pensable de publier des livres sur l'homosexualité, ce sujet restant tabou dans l'Education nationale.

 

Photo Paula Dumont

                                                    

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Commentaires
S
Paula , je file acheter un de tes livres pour un début ! je connais bien ton histoire , je connais bien la souffrance .... Merci d' avoir écrit pour faire passer le message .
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